JacksonÊtre et se connaître au XIXe siècle
Préface d’Alain Corbin
Cet ouvrage s’interroge sur « l’appétit d’auto-analyse du XIXe siècle » selon les mots d’Alain Corbin dans sa préface. L’écriture de l’intime –confessions, journal intime, mémoires – devient le territoire d’exploration de chacun, débarrassé peu à peu de l’emprise de l’Eglise et avant l’arrivée du discours psychanalytique. Alors que Bouvard et Pécuchet s’intéressent plutôt à la physiologie dans leur quête de savoir universel (J. Rigoli), de nombreux spiritualistes accordent dans leur journal, ou “nocturnal”, une grande importance aux rêves (J. Carroy). Si les mémoires permettant un discours sur le monde et sur soi fleurissent au début du XIXe siècle (D. Zanone), Stendhal, tout en se plongeant avec délices dans la « résurrection hédoniste du passé », arrive au constat de l’impossibilité de se connaître (D. Sangsue), un moi que Vigny, dans son journal, s’interdit d’explorer (M. Goergen), tandis qu’Amiel et sa recherche d’une continuité de l’être finit par ne plus exister que par son journal (E. Ender).
Bien que Freud ait été très inspiré par la littérature dans ses découvertes (J. Jackson), c’est pourtant la psychanalyse qui mettra fin à ce type d’exploration de soi, proposant dès lors, écrit Alain Corbin, « d’autres procédures d’aveu et d’exploration de l’être intime. C’est pourquoi les hommes et les femmes du XIXe siècle sont devenus étrangers à qui ne prend pas le soin d’étudier les logiques disparues en fonction desquelles s’opérait alors la connaissance de soi. »
La LibertéLe XIXe siècle aura magnifié l’expression du moi. |
Modern & Contemporary France, Vol. 16 n°3For a collection of this kind, the essays are of uncommonly high quality, well-researched, elegantly written, and persuasively argued. |