Joz-RolandLe Miroir en peluche
« Tu es là, calé contre un coussin de mon divan. Tu es là quand je rentre, quand je sors, quand je dors, quand je suis éveillée. Tu es là. Tu attends. Tu ne m’attends pas. Tu attends, tout simplement. Tu ne me demandes rien. Tu ne veux rien de moi. Je ne te demande rien. Je ne veux rien de toi. Mais tu es là, c’est tout. Tu me donnes l’occasion de faire une expérience merveilleuse, inlassablement répétée. Je ne te dis ni merci, ni bonjour, ni au revoir. Tu ne demandes même pas cela. Ce qu’il y a entre nous ? Un petit sourire de connivence permanente et c’est cela qui est notre jeu. Ta vocation de miroir est notre secret. Je ne suis pas dupe, toi non plus. Tout est simple. Ta seule présence suffit à me remettre dans la réalité lorsque l’angoisse tente de s’emparer de moi. La nuit, par exemple, lorsque les choses se transforment, s’enflent, se dénaturent. On construit un avenir fou, inexistant. On imagine, on invente. La peur noie toute la raison. Alors, j’allume, je te vois, je vais chercher un whisky ou une aspirine, et je balaie tout devant ton sourire amusé pour ne vivre que l’instant présent. Lorsque le jour revient, tu sembles me dire : « Alors ? Ce n’était pas si terrible que ça, hein ? ». »
Date de publication : 30/03/1991
L’Echo Magazine : « Michèle Joz-Roland nous adresse un livre qui n’a de naïf que le titre. Le reste, mes amis, est d’une subtilité pleine à la fois de la rage de vivre et du besoin de s’expliquer sur la douleur, sur la grandeur et, quelquefois, sur la bêtise humaine. » |
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La Suisse : « Ça va très bien, car, bien que je n’aime pas les mondanités, je viens de dédicacer mon dernier livre, Le miroir en peluche, dont la couverture a été dessinée par Poussin. C’est le bouquin de ma retraite, l’histoire d’une vieille dame qui parle à son ours au jour le jour. Un récit méditatif sur la vie, ou plutôt sur ce que les êtres humains en font, de cette vie, eux qui courent toujours plus vite à la recherche du vent, qui achètent toujours plus de vide dans les hypermarchés et qui vont jusqu’à aimer souffrir pour qu’enfin on s’occupe d’eux… » |
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Le Journal de Genève : « Le soliloque d’une femme vieillissante est la plainte d’un être idéaliste et douloureusement sensible. La narratrice confie ses désarrois, ses réflexions et les menus incidents de sa vie à son ours en peluche. Elle ressent le malaise d’une époque trop matérialiste, constate la vanité et l’égoïsme des gens, souffre de leur indifférence aux valeurs profondes et constate leur mépris devant les malchanceux et les disgraciés. » |
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L’Hebdo : « Alouette au miroir Son surnom ailé a volé de génération en génération. À Genève, on était élève d’Alouette par héritage. En quarante-deux ans d’enseignement, Michèle Joz-Roland a ouvert les chemins de la liberté à des centaines d’enfants. Née rebelle, elle leur a appris le goût de la désobéissance et le plaisir de la critique. » |
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Le Journal de l’Enseignement primaire : Au travers de son petit livre, Michèle Joz-Roland provoque notre réaction. Sans espérer que nous soyons forcément d’accord avec ses idées, elle désire sans doute nous voir quitter « la lourde locomotive du train des obéissants. » Jacques Perroux |
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La Suisse : « Son livre est à la fois paradoxal et provocant. Paradoxal parce qu’il exalte la vie, le simple et merveilleux bonheur de vivre et qu’il est comme sous-tendu par un désir de mort: parce qu’il est un lancinant appel à la relation à l’autre. » |
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Minitel : « Voici un tout petit ouvrage qui, à mon sens, est une très grande et émouvante réflexion. Une dame âgée, qui a toujours vécue seule, se confie à son vieil ours en peluche qui fut de tous les temps son seul et muet compagnon. La vie au quotidien défile sous forme de réflexions, de confidences, de souvenirs, de sentiments, de vie enfin ! Un besoin de dialogue qui va bientôt, l’âge aidant, venir à jamais clore une vie esseulée. Un vieil ours en peluche qui aura été le confident, l’ami essentiel d’une longue vie. À lire de toute urgence. » |