Gans PerezMarrakech la rouge
C’était à Marrakech, entre le mois de mai 1944, date de ma naissance, et le début du mois de juillet 1956, une enfance simple et heureuse qui ne se savait pas le témoin d’un univers sur le point de disparaître.
Dans cette société juive d’autrefois, préparer la nourriture était l’occupation quotidienne la plus longue des femmes.
Si l’on mangeait sans façon, assis au bord de divans ou en tailleur sur le sol, autour de petites tables basses, souvent avec les doigts, le code du bien vivre n’en était pas moins strict. Il était avant tout de préparer sans compter, pour partager la nourriture avec un visiteur inattendu, un pauvre, et d’être ainsi toujours prêt à manifester sa générosité. « Aslammah » – « Bienvenue » –, disait invariablement la voix de celle qui ouvrait sa porte, et aussitôt, il fallait accepter les offrandes qui se présentaient, eau citronnée, thé ou café, gâteaux, et si l’heure du repas était proche, on retenait le visiteur par de pressantes prières.
Date de parution : 28/02/1996