RossierRetour au pays natal
“On se rappelle d’un pays recouvert de neige où il n’y avait pas de saison hors celle-là. Et sous la neige, il n’y avait rien. On se souvient d’avoir creusé, à un endroit, puis à un autre, puis plus loin encore, pendant des générations. […] On a accepté la chose comme elle était, qu’il n’y avait pas plus sous nos pieds qu’il y avait dans le ciel, au-dessus de nos têtes. Et on a eu peur d’avoir été oublié.”
De l’ensemble de ces récits surgit un univers rude, paysan et montagnard, hanté par un passé ancestral et patriarcal. A la rudesse des mœurs, avec des familles rongées par le manque de communication, la tyrannie des pères ou leur absence, la présence étouffante des mères, l’inceste, la mort violente, fait écho la sauvagerie de la nature. Une peur diffuse règne en effet sur ce monde alpin : peur de l’incendie, de l’avalanche, des chutes de pierres, voire d’un hiver qui durerait toujours. La modernité semble apporter surtout l’abrutissement, par le biais de la télévision, et le maintien d’une tradition sclérosée voulue par le tourisme. Mais l’apaisement se fait sentir parfois, au détour d’une conversation, dans le plaisir des sens, ou au contact de la nature. Et dans les derniers récits, le personnage finit par s’arracher au poids du passé et retrouve un rapport heureux au monde :
“Tout son corps respirait le monde, l’inhalant et l’exhalant, sans que ce centre ni cette présence ne se dissolvent.”
Date de parution : 26/04/2006