HolanDouleur
ÉPUISÉ
En cours de réédition
Poèmes traduits du tchèque par Dominique Grandmont
«… Retour d’un long voyage, alors que je me réinstallais dans une vie sédentaire, je suis tombé sur le recueil Douleur, tombé par exemple sur cette phrase : « Voici le moment où le lac gèle à partir de ses rives et l’homme à partir de son coeur » (“L’Aube”). Il ne m’en fallait pas plus pour savoir que ce petit bouquin d’un éclat si sombre et si fraternel serait pour moi un compagnon de vie, un guide-âme pour le jeune Aliboron que j’étais, la leçon d’irrationnel dont j’aurais toujours besoin, une morale de l’échec fredonnée par un homme qui, comme un sage japonais, savait mieux que personne que si la poésie pouvait véritablement atteindre le coeur de la cible, le monde disparaîtrait et les étoiles s’éteindraient comme chandelles soufflées. Cette impossibilité à dire absolument la création, cette marche nocturne et tâtonnante vers un point d’eau que la fugacité, la précarité mais aussi la lourdeur de la condition humaine nous interdisent à tout jamais d’atteindre, est sans doute le plus grand cadeau qu’un vivant puisse faire à son semblable. Parfois, comme dans ce jeu d’enfants où l’on crie: «froid, chaud, tu brûles», les poèmes de Holan frôlent ce miracle qui est d’avoir un pied encore dans les mots, l’autre, déjà, dans le silence. » Nicolas Bouvier
Date de parution : 05/03/2008
La Quinzaine littéraire In articulo mortis |