SeniMarie et Marie, Une Saison à Constantinople (1856-1858)
1856-1858, essai/correspondance
1856. Au lendemain de l’effroyable guerre de Crimée, Constantinople est au centre de la vie diplomatique européenne. La ville est en pleine effervescence militaire et mondaine. Au cœur de ce tumulte, l’ambassade de France. Madame l’Ambassadrice Marie Thouvenel est débordée par les questions de protocole, de domesticité, de pénurie de taffetas, sans compter les états d’âme de l’autre Marie, comtesse de Melfort, la jeune cousine un peu excentrique qui l’accompagne. Impraticable à pied comme en calèche, Constantinople cloître les deux Marie à l’ambassade. Dans cet exil, la correspondance avec Henriette, sœur de l’ambassadeur, confidente de Marie Thouvenel, sert d’amarre avec la France. On y lit les excursions sur le Bosphore et le mauvais goût des Levantines, les cérémonies du Ramadan et les conflits avec le terrible voisin, l’ambassadeur d’Angleterre. L’Histoire se laisse surprendre, cachée dans les plis de ces récits et presque à l’insu de leur auteur.
Nora Seni se sert de cette correspondance inédite pour analyser le passage de l’Empire ottoman à la «modernité», et ses relations avec l’Europe. Elle brosse un tableau grave et savoureux des intrigues de l’époque, détaille les portraits des hommes d’envergure de ce milieu de siècle, Édouard Thouvenel, Lord Stratford de Redcliffe, Aali et Fuad pachas, et renouvelle notre lecture des ambiguïtés turco-européennes qui courent encore de nos jours.
Date de parution : 30/01/1996